samedi 6 novembre 2010

L'évangile "musulman" de Barnabas

Voici un travail sur cet apocryphe en vogue dans certains milieux musulmans que j'ai commencé il y a maintenant 9 ans.

Depuis bien des articles ont été publiés sur le net.

A la suite du mien vous trouverez une série de notes, inachevées mais fruit de mes recherches personnelles, portant sur les 53 premiers chapitres.

Ce furent de longues recherchent sur la source de certains versets que j'ai pu identifier pour la plupart dans les deux Testaments, le Coran, les apocryphes inter et néo testamentaires et parfois les textes gnostiques.


Bonne lecture.


Image : Première page du manuscrit italien


L’Évangile de Barnabas (ou Barnabé) en notre possession ne nous est parvenu intégralement qu’en italien. Une version espagnole incomplète a été retrouvée dans les années 70 mais elle n'est qu'une traduction de l'original. Probablement rédigé sous sa forme actuel au XIVe siècle, il aurait, suppose-t-on, réélaboré des traditions littéraires dont le noyau le plus ancien pourrait remonter à un apocryphe primitif perdu cité par le Décret gélasien (Ve et VIe s.) et le Catalogue des soixante livres canoniques (VIe et VIIe s.). Il s'agit d'un pseudépigraphe « musulman ». L’auteur ne connaît principalement que les évangiles de Matthieu et de Luc mais nous retrouvons néanmoins certains événements rapportés par Jean ainsi que des liens avec son Apocalypse.


L’enseignement de ce pseudo-Barnabas, qui n'est en rien comparable à celui de l'auteur de la célèbre Epître de Barnabas, fourmille de références coraniques et apocryphes mais il n’est jamais gnostique. Il est certes possible d’y trouver quelques échos aux textes mais il ne s’agit jamais d’enseignement gnostique au sens propre du terme. Le discourt anti-scripturaires du Jésus de l’Évangile de Barnabas est plutôt très terre-à-terre et ses révélations sont souvent très directes, un style narratif que l'on retrouve dans le Coran.


L’auteur n’hésite pas à aller jusqu'à y introduire le nom même du saint Prophète de l’Islam (Muhammad dans le texte). C’est ici que le texte prend sa forme à la fois la plus démonstrative du but qu’il cherche à atteindre mais aussi la plus ridicule, compte tenu du temps et des événements qu’il est censé rapporter. Mais enfin, quoi de plus efficace que de faire circuler un « véritable évangile de Jésus-Christ » afin de confirmer le Coran qui lui ne s'appuie pour ainsi dire sur aucune véritables références scripturaires, sinon quelques-unes rapportées de mémoire comme en témoigne les différences dans les témoignages ? La manœuvre est d’autant plus habille qu’elle semble s’appuyer sur un fait bien établit : la séparation de Paul et de Barnabas suite à « une violente explosion de colère » selon Actes 15 :39 (à comparer avec le prologue de l’évangile où il est fait mention de l’apôtre). Certains y voient encore aujourd’hui, particulièrement en milieu musulman et ce en dépit de l’expression évidente de la contrefaçon, une preuve de son authenticité. Pourtant le récit de Luc semble clair, il s’agissait d’une discorde au sujet de Marc et non d’une différence de choix en matière de doctrine.

Image : Dispute entre Paul et Barnabas au sujet de Marc

Ce roman de fiction est-il né de l’esprit d'un musulman, d'un chrétien converti à l’islam ou de celui d’un auteur chrétien instruit du Coran et bien résolut à ridiculiser la pensée musulmane ? Il semble difficile de trancher la question. Le simple fait que l’auteur puise dans l’Écriture Sainte ne suffit pas à dire qu’il fut préalablement chrétien. Ou alors il nous faudrait appliquer cette règle également à Mahomet mais nous savons qu’il n’en est rien. Le Babylonien Mani, dont la démarche se rapproche de celle du Prophète de l’Islam, se servit également en son temps de traditions juives et chrétiennes pour fonder sa nouvelle religion, mais il ne fut jamais à proprement parler un « chrétien ». En fait, il pourrait sembler tout aussi probable que ce pseudo-barnabas était simplement un musulman cherchant à contrarier le christianisme en utilisant ses propres écrits. Mais il y a un bémol qui réside dans une étrange assimilation, celle d'un Mahomet passé de prophète à Messie, une idée en opposition avec le Coran qui affirme que Jésus était le Messie. Le pseudo-Barnabas ne semble donc pas maîtriser avec une aussi grande agilité la pensée coranique. Ainsi, la connaissance qu'a notre auteur de la littérature judéo-chrétienne de son temps, quelle soit canonique ou apocryphe, nous incite à privilégier l'hypothèse d'un chrétien fraichement converti à l'islam.


Le but de cet évangile s'il est réellement musulman est, sans aucun conteste et ce dès ses premières lignes, de rendre nulle la loi du Christ exposée dans le Nouveau Testament en invitant le lecteur à retourner aux anciennes pratiques de la loi de Moïse et de nier ce qui est au centre du culte chrétien, que Jésus est le Fils de Dieu. Mais cette œuvre sert encore un autre dessein. Dans le Coran, Mahomet reproche souvent aux Juifs et aux chrétiens de ne pas percevoir sa mission de prophète dans certains passages de leurs Livres Sacrés. L’auteur a donc peut-être imaginé qu’avec cet évangile elle semblerait ne plus être à percevoir mais à reconnaître.


On trouvera d'autres renseignement sur l'Évangile de Barnabas dans le Cahier Évangile n° 48 « Un chrétien lit le Coran » (Éditions du Cerf).


Le texte de l'Évangile de Barnabas a été traduit en français et annoté par Luigi Cirillo et Michel Frémaux aux éditions Beauchesne :

http://www.editions-beauchesne.com/product_info.php?products_id=115


On peut le lire en ligne sur le site suivant :

http://www.aimer-jesus.com/evangile_barnabe_texte.php


Notes :


Prologue (cf. Ac. 15 :36-41).

Barnabé. Il s’agit d’une forme latinisée de l’original grec Barnabas.

Apôtre de Jésus. Barnabas fut un apôtre des nations à l’instar de Paul, mais l’auteur le place parmi les douze (cf. chap. 14).

Ils appellent Jésus fils de Dieu. L’auteur rejette la filiation. Il s’agit de la base même de sa réfutation des autres évangiles (cf. Ps. 2 :12 ; Pr. 30 :4 ; Mt. 16 :16 ; Coran 4, 171).

Rejettent la circoncision. Cette question fut tranchée à Jérusalem durant le ministère de Barnabas, lequel fut recommandé par les presbytres réunis (cf. Ac. 15 :1-29).

Autorisent toute sorte d'aliments impurs. Cette phrase s'oppose à la vision divine donnée à Pierre (cf. Ac. 10 :9-16, 34, 35).


Chapitre 1

Tu le préserveras du vin, de la boisson fermentée et de tout aliment impur. Cet ordre concernait Jean le Baptiste. Jésus but du vin avec ses apôtres lors du repas du soir (la cène) et certainement à mainte reprise puisqu’on le traitait de « buveur de vin » (cf. Mt. 11 :19 ; Lc. 1 :15).

Je serais appelée bienheureuse par toutes les nations ! Citation libre empruntée à Elisabeth (cf. Lc. 1 :42).


Chapitre 2

Une fois connue la volonté de Dieu, (…) élut un compagnon de sa race. Marie était, en fait, déjà promise en mariage à Joseph bien avant l’annonciation (cf. Lc. 1 :27).


Chapitre 3

Elle enfanta son fils sans douleur. Il s’agit d’une tradition apocryphe (cf. Évangile du pseudo Matthieu 13 :3).


Chapitre 5

Ils servaient l’enfant avec crainte de Dieu. Les synoptiques indiquent que les parents de Jésus l’on élevé dans la crainte de Dieu mais néanmoins comme tout enfant de son age. Enfant, il fut en tout soumis à ses parents (cf. Lc. 2 :51).


Chapitre 7

Ils furent exhortés par l’enfant. Ce fut en fait par un songe divin. Il est étrange que l’auteur non trinitaire place l’enfant à la place de Dieu (cf. Mt. 2 :12).


Chapitre 9

A la mort de Hérode (…) l’enfant alors âgé de sept ans. Le calcul est fantaisiste à l’extrême. Certains biblistes proposent de dater la mort de Hérode en 5 ou 4 av. n. è. Néanmoins, les indications chronologiques laissée par Flavius Josèphe laissent à penser que ce fut en réalité en 2 ou 1 av. n. è., ce qui rejoint la datation biblique (cf. Mt. 2 :19-23).

Il n’a pas appris à lire ! Ce passage semble faire écho à une longue tradition concernant l’éducation de Jésus (cf. Histoire de l’enfance de Jésus 6).

Ne savez-vous pas que le service de Dieu doit passer avant père et mère ? Nouvelle volonté de nier la filiation. L’auteur remplace « que je dois être dans la maison de mon Père » par « le service de Dieu doit passer avant père et mère » (cf. Lc. 2 :49, 50).

Il leur était soumis (…). Il semble y avoir une certaine antinomie entre ce passage et le chapitre 5 (voir la note).


Chapitre 10

L’auteur ignore le baptême d’eau. Pourtant, les rituels d’ablutions regardés comme des symboles de purification sont aussi chers aux musulmans qu’aux Juifs. Mais le but de cet évangile est de rendre nulle la tradition néo-testamentaire laquelle considère le baptême comme le geste primordiale, point de départ de la mission du Christ, ainsi que la filiation. Sans le baptême Jésus ne reçoit donc plus l’agrément du Père où celui-ci confesse « tu es mon fils ».

Ce livre descendit dans le cœur de Jésus. L’expression « le livre », pour parler de la révélation divine, se retrouve souvent dans le Coran (cf. Coran 2, 87).

Je connus chaque Prophète. Il semble que l’auteur cherche à dépeindre Jésus sous les traits d’un ignorant avant le début de son ministère comme au chapitre précédent. Pourtant, en Israël, les éléments adultes se rendaient à la synagogue chaque sabbat afin de lire et commenter le Tanak (cf. Lc. 4 :16).


Chapitre 11

Es-tu fou ? Jamais les évangiles ne rapportent que Jésus se soit adressé aussi durement à un homme, à moins qu’il ne s’agisse d’un hypocrite notoire, mais toujours avec compassion.

Car moi je suis un homme comme toi ! Cette expression se retrouve au chapitre 19. La formule remplie d’humilité sert clairement à nier l'origine céleste de Jésus (cf. Mt. 8 :1-4).


Chapitre 12

La splendeur de tous les saints et Prophètes. Suivant le contexte, le fait que Jésus est le narrateur et les chapitre 35 et 39 où il est fait mention du « Messager de Dieu dont il avait créé l’âme soixante mille ans avant quoi que ce fût », il ne peut s’agir que de Mahomet.

Avant Lucifer, en splendeur des saints, je t’ai créé ! Voici une bien étrange citation davidique. Elle ne se trouve dans aucun des écrits qui lui sont attribués. Il semble que l’auteur ait rédigé de mémoire car, après examen, nous retrouvons dans la phrase trois sources. La première, Proverbes 8 :22-31, où le Sauveur est présenté sous les traits de la sagesse personnifiée en tant que première création de Dieu d’où une confusion possible entre David et Salomon puis, en ce qui concerne Lucifer et sa place dans la création, Isaïe 14 :12 et Ezékiel 28 :12-15. Reste cependant à noter que le nom Lucifer ne se trouve pas en tant que tel dans la Bible mais vient du latin « luciferum » et signifie « aurore » ou « porte-lumière », les Pères de l'Église l’ayant très tôt identifié comme étant un nom cryptique désignant Satan avant sa rébellion. Il est également possible que la citation provienne d’un apocryphe perdu ou qu’il s’agisse d’une fiction volontaire (la suite du récit regorge de citations invérifiables).

Qui regarda avec miséricorde les larmes d’Adam et d'Ève. On ne saurait y voir l’idée d’un pardon de la part de Dieu mais d’une autorisation à prolonger la race humaine (cf. Coran 2, 36).

A cause de nos péchés. Jésus s’inclut dans le nombre des pécheurs.


Chapitre 13

Il voulait sacrifier Ismaël, son fils unique. L’auteur ne reconnaît pas Isaac comme le fils légitime d’Abraham. La raison de ceci apparaît plus loin au chapitre 43. L’ange Gabriel demande à Jésus d’offrir un bélier en holocauste afin d’imiter le geste du patriarche. Le sens symbolique du récit s’en trouve considérablement modifié. En effet, le but de l’épreuve était de préfigurer le sacrifice du Christ, YHWH étant le grand Abraham et Jésus le grand Isaac (cf. Gn. 22 :1-18).


Chapitre 14

Le jour venu, il descendit de la montagne et choisit les douze apôtres. Il faut certainement entendre « jour » par « moment », car Jésus n’a pas choisi les douze le même jour.

Judas, celui qui fut mis à mort sur la croix. Il s’agit d’une tradition coranique selon laquelle Jésus ne mourut pas sur le bois mais fut élevé auprès de Dieu et qui n’est pas sans nous rappeler d’anciennes croyances gnostiques tels que celle de Basilide qui enseigna que Jésus métamorphosa Simon de Cyrène pour qu'il soit exécuté à sa place (cf. Coran 4, 157 ; Irénée de Lyon, Adv. haer. I, 24, 4).

Barnabé qui écrivit ceci. L’auteur supprime Thomas pour le remplacer par Barnabas qui ne fit jamais parti des douze. Il semble qu’il ait confondu Simon le cananéen avec Thaddée qui portait également le nom de « Judas fils de Jacques ». Voici la liste donnée par les synoptiques : Simon (Pierre), Andrée, Jacques et Jean fils de Zébédée, Matthieu (Lévi), Philippe, Barthélemy (Nathanaël), Thomas, Jacques fils d’Alphée, Thaddée (Judas fils de Jacques), Simon le cananéen (ou le zélé) et Judas Iscariote (cf. Mt. 10 :2-4 ; Mc. 3 :16-19 ; Lc. 6 : 13-16).


Chapitre 15

Et qu’importe, ma mère ! L’auteur a troqué « femme » contre « mère » peut-être pour souligner la nature strictement humaine de Jésus. Mais le « qu’importe » semble indiquer qu’il n’a que faire de sa requête. Dans le texte scripturaire il fait seulement remarquer à Marie qu’étant le Messie de Dieu elle n’a pas de conseil à lui donner (cf. Jn. 2 :4).

Mauvais serviteurs (…). Les félicitations du majordome à l’époux deviennent une réprimande à l’encontre des serviteurs (cf. Jn. 2 :1-10).


Chapitre 16

Tout le chapitre est une reprise du sermon sur la montagne mais très réduite et comportant de nombreuses additions et libertés avec le texte (cf. Mt. 5 et 6).

Et ils étaient six cent quarante mille hommes sans compter les femmes et les enfants. Le chiffre semble être une estimation faite d’après le livre des Nombres (cf. Nb. 1 :46 ; 26 :51).


Chapitre 17

Dans ce chapitre Jésus explique la nature de Dieu. Il est à noter que durant son ministère il n'y fit qu’une seule et courte allusion lors de son entretien avec la femme samaritaine en disant de son Père : « Pneuma ho Théos », littéralement : « esprit (est) le Dieu » (cf. Jn. 4 :24).

Je suis celui qui suis. Il s’agit de la révélation du nom divin selon la Vulgate latine Ego sum qui sum, « Je suis Qui je suis » qui lui même provient du grec de la Septante Égô éïmi ho ôn, « Je suis L’Existant ». L’hébreu original utilise l’imparfait et rend le passage ainsi : ´Èhyèh ´Ashèr ´Èhyè, « Je Serai ce que Je Serai ». La différence dans l’emploi du temps s’explique par l’influence de la pensée grecque à propos de la nature de Dieu chez les traducteurs (cf. Ex. 3 :14).

D'une substance parfaitement simple. Après avoir fait l’éloge de la grandeur Divine l'auteur rabaisse quelque peu Dieu bien que la Bible affirme : « Je suis le Dieu Tout-Puissant » et encore par la bouche d’Isaïe : « Par suite de l’abondance de l’énergie vive, car il est aussi vigoureux en force ». Dans sa volonté de révéler l’inconnu, l’auteur semble avoir oublié que le spirituel ne saurait être simple comparé à l’homme mortel. Ou alors, entendait-il tout simplement par simple l’idée de raisonnable (cf. Gn. 17 :1 ; Is. 40 :25) ?

Tu ne dois pas les comprendre selon la lettre mais selon le sens. Jésus invite ses auditeurs à faire usage de leur raison mais cependant rejette l’idée que Dieu puisse avoir des enfants dans un sens spirituel. En ce qui concerne le sens réel des paraboles et en particulier l’adoption filiale, Mahomet ne nous a pas davantage éclairé, il se contente de dire : « Allah n'est qu'un Dieu unique. Il est trop glorieux pour avoir un enfant ». Notons toutefois que cette phrase s’inscrit dans le cadre d’un rejet du dogme trinitaire et non dans la plénitude de l’adoption filiale (cf. Coran 4, 171).

Les cent quarante quatre mille Prophètes. Face à cet incroyable nombre, on ne peut s’empêcher d’y voir ici une allusion aux élus de l'Apocalypse de Jean. Il semble naturellement très improbable que Dieu envoya une telle foule de prophètes même en dehors des limites d’Israël (cf. Ap. 7 :4-8).

Après moi viendra la splendeur de tous les Prophètes et saints. Il s’agit de Mahomet. Les Juifs eux-mêmes supposaient que le « Prophète » annoncé par YHWH à Moïse était un personnage différent du Messie. Certain manuscrits grecs donnent, par ailleurs, aux paroles de Jean le Baptiste « Es-tu Celui qui vient ou devons-nous en attendre un autre » une valeur numérique alors que d’autres penchent pour le sens de différent. Mais ce qui est sûr c’est qu’il se demandait, sans pour autant douter de Jésus, si un autre que le Messie accomplirait les merveilleuses promesses proclamées par ce dernier et pourquoi pas le « Prophète ». Lorsque Jésus promit à ses disciples qu’il leur enverrait « un autre assistant », « les musulmans n’ont pas lu Paraclétos, mais Périclétos — mot qui signifie exactement : Ahmet ou Mohamet » explique C. Virgil Gheorghiu dans son livre Vie de Mahomet . « Mohamet ou ‘Plus loué’ est le superlatif du mot ‘Ahmet’ = ‘loué’, qui en grec se dit ‘périclitos’ ». Donc pour l’islam, Jésus a bel et bien annoncé la venue de Mahomet en employant son nom, d’où sa présence dans notre évangile (cf. Dt. 18 :18 ; Mt. 11 :2,3 ; Lc. 7 :19 ; Coran 61, 6).


Chapitre 18

Dix mille Prophètes. Ce nombre très exagéré ne figure pas dans le récit du Premier livre des rois (cf. 1R. 18 :13).

Sept mille fils de Prophètes. En réalité Obadia tint caché dans une grotte cent prophètes qui purent ainsi échapper à la mort (cf. 1R. 18 :3-4, 13).

Soyez saints parce que moi, votre Dieu, je suis saint ! Soyez purs parce que je suis pur, et soyez parfait parce que je suis parfait. La citation est empruntée à Lévitique 19 :2 où il est dit « Vous vous montrerez saints, car moi, YHWH votre Dieu, je suis saint ». Ce sera en fait l’apôtre Pierre et non un des quatre évangélistes qui reprendra ce texte. La suite provient des paroles de Jésus en Matthieu 5 :48 avec une addition (cf. 1P. 1 :16).


Chapitre 19

Maître, Satan ne me trompera-t-il ? Ici, Jésus annonce qu’il sera trahi par l’un des douze et ce bien avant la dernière Pâque mais c’est Barnabas et non Judas qui interroge Jésus (cf. Mt. 26 :25).

Ton nom est inscrit au livre de la vie. Nouvel emprunt à l'Apocalypse de Jean. Le « livre de vie » fait mention des œuvres des serviteurs de Dieu qui espèrent recevoir le don de la vie éternelle (cf. Ap. 3 :5 ; 13 :8 ; 28 :27 ; voir aussi Ml. 3 :16).

Ne voyez-vous pas que je suis un homme comme vous ? Voir note du chapitre 11.

C'était un Ismaélite. Le récit biblique dit qu’il s’agissait d’un Samaritain. Un peu partout dans son évangile l’auteur musulman tente de faire valoir la postérité d’Ismaël (cf. Lc. 17 :15-21 ; chap. 43).

Je ne suis pas venu, dit-il, pour être servi, mais pour servir. Le récit biblique ajoute « et donner son âme comme rançon en échange de beaucoup ». Jésus n’étant pas le Messie dans le sens que l’entend le christianisme, la rançon n’a plus sa raison d’être. A ce sujet, le Coran confesse : « Pour Allah, Jésus est comme Adam qu'Il créa de poussière », c’est-à-dire un homme ordinaire (cf. Mt. 20 :28 ; Mc. 10 :45 ; Coran 3, 59).


Chapitre 21

Six mille six cent soixante six ! Il s’agit du démon « Légion ». Le nombre, qui bien-sur ne figure pas dans la Bible, semble provenir du « 666 » cité par l'Apocalypse de Jean et qui est lui aussi d’origine démoniaque (cf. Mc. 5 :9 ; Lc. 8 :30; Ap. 13 :8).

Dix mille porcs appartenant à des Cananéens. Le troupeau était en réalité composé de deux mille. Ce nombre excessif sers peut-être à appuyer le niveau d’impiété des propriétaires. Il était en effet interdit par la Loi de consommer la chair du porc comme c’est encore le cas dans la loi islamique. Mais il est fortement possible qu’il s’agissait de non-Juifs surtout dans cette région comportant de nombreux colons Grecs (cf. Lc. 8 :32 ; Lé. 11 :7,8 ; De. 14 :8 ; Coran 2, 173 ; 5, 3 ; 6, 145 ; 16, 115).

Une femme de Canaan. Le texte scripturaire donne deux définitions : « une femme cananéenne » et « une Grecque, une Syro-Phénicienne d’origine » . Cela s’explique par le fait que le terme Canaan en vint à désigner essentiellement la Phénicie, comme dans la prophétie d’Isaïe sur la ville de Tyr. Pour être qualifiée de « grecque », la femme devait probablement être de descendance grecque. L’expression « Syro-Phénicienne » tire sans doute son origine du fait que la Phénicie faisait partie de la province romaine de Syrie. (cf. Mt 15 :22 ; Mc. 7 :26 ; Is 23 :1, 11).

Il n'est pas bon d'enlever le pain des mains des fils et de le donner aux chiens ! Le texte diffère légèrement du récit de Marc 7 :27 et ce, bien-sur, à dessein. Le but de Jésus n’était pas de la réprimander sévèrement ni d’humilier les non-Juifs. Ici le ton est plus dur. L'évangile de Marc emploie l'expression « petits chiens ».


Chapitre 22

Un chien est meilleur que l'homme incirconcis ! L’auteur se plait à tordre le sens des mots que Jésus employait d’une manière figurée dans le but de défendre sa doctrine (voir la note précédente).

Souvenez-vous de ce que David dit à Saül. Il s’agit des paroles consignées en 2 Samuel chapitre 17 citées de façon libre.


Chapitre 23

Sa chair se rebella contre l'esprit. On retrouve le thème du combat de la chair contre l’esprit dans de nombreux courants de pensés. Pour le gnostique, qui ne faisait pas la distinction entre l’esprit et l'âme, le corps en était la prison..

Alors il fit serment en ces termes (…). Le récit semble du fait de l’auteur car je n’en ai pour ma part trouvé aucune réminiscence parmi les apocryphes. Tout comme dans la vieille croyance catholique, l’origine du péché est imputé à la chair et particulièrement à l’organe sexuel.

Celui qui n'aura pas circoncis sa chair, je le rejetterais de mon peuple à jamais ! Citation libre de Genèse 17 :14 où YHWH dit à Abraham : « Le mâle incirconcis, qui ne fera pas circoncire la chair de son prépuce, oui cette âme devra être retranchée de son peuple ».

Parce qu'il est privé du paradis ! Il s’agit, selon le Coran, du lieu de félicité céleste où vont tous les justes après leur mort. Paul employa le mot « paradis » pour parler du lieu de résidence céleste de Dieu. Jean semble faire allusion à deux paradis, l'un céleste et l'autre terrestre (cf. Coran 3, 133 ; 29, 58 ; 34, 37 ; 39, 20 ; Lc. 23 :43 ; 2Co. 12 :4 ; Ap. 2 :7).

Elie qui fuyait par des lieux déserts de montagne, ne mangeant que de l'herbe et vêtu de peaux de chèvre. Après avoir annoncé à Ahab qu’Israël connaîtrait la sécheresse durant trois ans et demi, Eliya traversât le pays en direction du ouadi de Kerith à l’est du Jourdain. Israël étant un pays de montagnes, il semble que la citation dépende de cette source à moins qu’il ne s’agisse d’un autre épisode où Eliya fuit devant Jézabel vers Béer-Shéba, à 150 km au Sud-Ouest, à l’Ouest de la basse mer Morte. Néanmoins, dans un cas comme dans l’autre, Eliya ne mangeât pas d’herbe puisqu’il fut nourrit miraculeusement par Dieu. En ce qui concerne son vêtement, il s’agissait d’un manteau grossier que Jérémie décrit comme étant fait de poil, accompagné d’une ceinture de cuir ceinte autour de ses reins (cf. 1R. 17 :1-16 ; 19 :1-18 ; 2R. 1 :8 ).

Pendant les sept ans que dura l'âpre persécution de l'impure Jézabel. Le calcul est erroné. En effet, Jézabel commença à persécuter les prophètes au début du règne de son époux Ahab lequel durât vingt deux ans. Elle continuât pendant les deux années du règne de son fils Ahazia, puis jusqu'à sa mort et celle de son autre fils Yehoram qui régnât douze ans, ce qui ramène la persécution à un peu moins de trente six ans (cf. 1R. 16 :29 ; 22 :51 ; 2R. 3 :1).

Elisée qui mangeait du pain d'orge et s'habillait de vêtements des plus grossiers. Il s’agit d’une référence à l’épisode où, la famine persistant, Elisha nourrit miraculeusement une centaine d’israélites au moyen de vingt pains d’orges qu’il multipliât. Plus tard, Elisha vit Eliya monter aux cieux dans une tempête de vent. Là, il perdit son manteau qu’Elisha prit en signe de succession, d’où la référence aux vêtements grossiers (cf. 2R 2 :14 ; 4 :42-44).


Chapitre 24

Les anges le portèrent dans les bras d'Abraham (…) les diables le portèrent dans les bras de Satan. Puisque le texte scripturaire dit du mendiant qu’ « il a été emporté par les anges » et du riche que « dans l’hadès il a levé les yeux, alors qu’il se trouvait dans les tourments », l’auteur se permet d’y adjoindre le service des démons (cf. Lc. 16 :19-31).


Chapitre 25

Je suis comme un cheval près de toi; je suis toujours avec toi. Citation avec ajout de Psaume 73 :23. La mélodie est d’Asaph et non de David. La Bible fait presque toujours un emploi métaphorique négatif du cheval (cf. Jr. 5 :7,8 ; 8 :6 ; Éz. 23 :20, 21 ; Yl. 2 :1-4 ; Ré. 9 :7, 15-19).


Chapitre 26

Comparer tout le chapitre jusqu’au 29 avec l’Apocalypse d’Abraham 1 à 8 et le Livre des Jubilés 12.

Mais parce que le père d'Abraham était sculpteur et qu'il façonnait et adorait les dieux menteurs. Ce récit tire son origine de l’Apocalypse d’Abraham, mais les altercations entre lui et son père son du fait de l’auteur ainsi que de nombreux détails comme son âge ou la destruction des idoles (cf. Ap. Abr. 1 :1).

Aussi y avait-il inimitié entre eux. En réalité, bien qu’étant peut-être adorateur du dieu-lune Sîn, la divinité en faveur à Our, Térah n’hésitât pas à quitter la ville pour accompagner son fils vers Canaan lorsque celui-ci en reçut l’ordre de la part de Dieu (cf. Gn. 11 :31, 32 ; Jos. 24 :2 ; Ac. 7 :2-4).

Et si les dieux se fabriquent avec du bois, c'est un grand péché que de brûler le bois ! Ces paroles semblent influencées par celles du prophète Isaïe dans son oracle contre l’idolâtre qui utilise un morceau de bois pour se faire un dieu et qui, avec le reste, cuit sa nourriture (cf. Is. 44 :14-17).


Chapitre 27

Vous avez oublié les paroles du Prophète (…). Références invérifiables. La première semble être une citation libre de Proverbes 14 :13. Jésus fit une déclaration similaire que l’on retrouve dans la version de Luc du sermon sur la montagne. Quand à la seconde, je n’en ai pas trouvé d’écho (cf. Lc. 6 :25).

Au temps de Moïse, Dieu changea en animaux stupides beaucoup d'hommes qui se trouvaient en Egypte. Référence invérifiable. J’ignore s’il s’agit d’une tradition, d’une invention ou si l’auteur parle en termes imagés.


Chapitre 29

Tu as été élu par le Dieu des anges et des Prophètes. Le mot « prophète » ressemble ici à un anachronisme. Bien que Hénok énonça une « prophétie » de la part de Dieu, le premier dans l’Ecriture à être appelé prophète à proprement dit (hébreu navi´) est Abraham lui-même (cf. Gn. 20 :7 ; Jude 14, 15).

Va à cette source et lave-toi, parce que Dieu veut parler avec toi. Référence aux rituels d’ablution chers aux orientaux. On notera cependant que, dans un cas similaire, il fut seulement demandé à Moise de retirer ses sandales (cf. Ex. 3 :5).

Je frappe et je guéris, je tue et je donne la vie, je conduis en enfer et j'en retire, et personne ne peut se libérer de mes mains. Le fatalisme qui ressort de cette phrase est un enseignement de l’islam. On trouve d’ailleurs dans le Coran une idée similaire : « Allah égare qui Il veut; et Il place qui Il veut sur un chemin droit » (cf. Coran 6, 39).


Chapitre 30

La Scénopégie. Il s’agit littéralement de la « Fête des Tentes » du mois de kisleu (décembre). On l’appelle aussi « Fête de l’Inauguration » (héb. : hanoukkah), « de la Dédicace » (héb. : hagh hahanoukkah) ou « de la Rénovation » et quelquefois, suivant le grec tà egkainia, « Encénies ». Cette fête fut instaurée à l’issu de la purification du temple par Judas Maccabée le vingt-cinq kisleu de l’an cent quarante-huit des Séleucides, soit le vingt-cinq décembre cent soixante-cinq av. n. è. (cf. 1M. 4 :59 ; 2M. 1 :9 ; Jn. 10 :22).

Tu aimeras ton Dieu par dessus tout, de tout ton cœur et de toute ton âme, et ton prochain comme toi-même. On trouve plusieurs forme de cette citation dans l’Ecriture. L’auteur n’a retenu que celle renfermée en Deutéronome 10 :12 agrémentée de Lévitique 19 :18 (cf. Dt. 6 :5 ; Mc. 12 :30 ; Mt. 19 :19).

Prends soin de lui (…). Le récit du bon samaritain comporte ici une rectification ainsi qu’un ajout. Luc rapporte que l’homme donna deux deniers à l’hôtelier et non quatre au blessé pour ce dernier. L’invitation du samaritain à venir chez lui est de l’auteur, peut-être afin de renforcer l’idée de l’hospitalité importante en orient (cf. Lc. 10 :30-35).


Chapitre 31

Et voici qu’un centurion s’approcha et dit (…). Tout le récit est un savant cocktail entre l’épisode de l’esclave mourant d’un officier romain rapporté par Matthieu et Luc et celui de Jean à propos du fils malade d’un serviteur du roi. Le quatrième évangile dit que la guérison de l’enfant eut lieu à la septième heure et non à la sixième. La conclusion du récit apocryphe n’apparaît dans aucun des trois textes (cf. Mt. 8 :5-13 ; Lc. 7 :1-10 ; Jn. 4 :46-53).


Chapitre 32

Comme il le dit par son serviteur le Prophète David (…). Le pseudo-Barnabas remplace la citation d’Isaïe 29 :13 par celle du Psaume 50 :12-14 qu’il cite avec la liberté qui le caractérise. Néanmoins, selon les suscriptions dues aux écrivains ou aux compilateurs, c’est Asaph et non David qui composa ce psaume. Quand à l’exemple de Jésus sur ce qui souille vraiment l’homme, il est troqué par une simple réprimande au sujet du détournement des dons consacrés à Dieu. Les mots de Jésus à propos de la dîme sont aussi quelque-peu écartés de leur contexte car il s’agissait de mettre l’accent sur le manque d’amour est non sur l’enrichissement matériel. L’auteur a, dans le cas présent, inverti celui qui donne et celui qui reçoit (cf. Mt. 15 :1-11 ; Mc. 7 :1-15).

Tout mal est entré dans le monde sous le couvert des anciens. Le sens biblique du mot « ancien » est détourné. Lorsque le Nouveau Testament emploi le mot zaqén, il s’agit, soit de désigner une personne âgée, soit d’un terme officiel pour quelqu’un qui assume une fonction au sein d’une communauté mais en aucun cas au sein des peuples non juifs, sauf dans celui des Madianites et des Moabites qui étaient descendants d’Abraham. Or, dans cet évangile, Jésus semble utiliser ce mot pour parler des hommes du passé dans un sens général (voir la note suivante).

Il y eut un roi qui aimait énormément son père ; ce dernier se nommait Baal. J’y vois ici une allusion à Nimrod. Notons que l’hébreu « Baal » et l’akkadien « Bel » ont tous les deux la même signification à savoir « Propriétaire » ou « Maître ». Or, après sa mort et selon la tradition, Nimrod fut élevé au rang de divinité. Puisque le dieu Mardouk était tenu pour le fondateur de Babylone, certains ont émis l’hypothèse que, Nimrod en étant le fondateur humain, Mardouk représente également Nimrod déifié. Le dieu Bel faisait partie de la triade originelle sumérienne mais quand Mardouk devint le dieu principal de Babylone, il reçut également le nom de Bel soit « Baal ». Le récit tel qu’il est présenté est naturellement du fait de l’auteur.

Oh, comme Dieu s’en plaint par le Prophète Isaïe en disant (…). Cette citation, que l’on retrouve sous la même forme à la fois en Matthieu et en Marc, est naturellement arrangée, on en a maintenant l’habitude chez le pseudo-Barnabas. Dans les Evangiles scripturaires, le texte était déjà cité de façon libre, un peu à la manière d’une application et provenait de deux source, Isaïe et Ezékiel, bien qu’étant présenté comme venant seulement du premier. Cela s’explique par le fait que les deux livres proviennent de ce que les Juifs appellent « les prophètes postérieurs » au nombre de trois avec Jérémie, Isaïe étant le premier de la liste ; les rédacteurs chrétiens n’ont peut-être pas jugés nécessaire de les différencier. On notera que, chez Barnabas, l’accent est mi une fois de plus sur la Loi de Moïse (cf. Is. 29 :13 ; Ez. 33 :31 ; Mt. 15 :9 ; Mc. 7 :7).

Manger le pain avec les mains sales ne souille pas l’homme (…). Et voici ce qui souille vraiment l’homme, avec un peu de retard…


Chapitre 33

Je vous le dis, l’idolâtrie est pour l’homme le plus grand des péchés. Dans les deux premier évangiles, Jésus parle d’une sorte de péché contre lequel il n’y a pas de pardon possible, le péché contre l’Esprit Saint. La primauté revient donc à celui-là et non à l’idolâtrie. Mais le pseudo-Barnabas musulman parle du même point de vue que le Juif pour qui l’idolâtrie est le péché par excellence. Également, n’oublions pas le contexte historique de la rédaction de notre apocryphe : les églises Romaines et Orthodoxes regorgeaient de statues et autres images à en faire pâlir les temples des vieilles nations païennes (cf. Mt. 12 :31 ; Mc. 3 :28, 29) — voir aussi Ex. 20 :4,5 et Le Catéchisme de l’Eglise Catholique, partie 3, sect. 2, chap. 1, art. 1, IV, en ce qui concerne la justification des images.


Cent vingt mille. Le texte massorétique, la Septante et la Peshitta, disent « environ trois mille hommes » et la Vulgate clémentine « vingt-trois mille » (cf. Ex. 32 :28).


Chapitre 34

Quelqu’un dont la main droite était repliée. Il semble qu’il s’agisse de l’homme à la main droite desséchée qui se tenait, non devant la maison d’un expert de la Loi, mais dans une synagogue près de la mer de Galilée (Mt. 12 :10 ; Mc. 3 :1 ; Lc. 6 :6).


Comme le dit le Prophète Isaïe (…). Citation libre d’Isaïe 14 :12 avec une addition. En ce qui concerne « Lucifer » voir la note sur le chapitre 12.


Le premier homme et sa femme pleurèrent cent ans sans s’arrêter. Référence invérifiable. Je n’en ai pas trouvé d’écho suffisamment clair même dans la Vie grecque d’Adam et Ève.


Chapitre 35

Le Coran dit : « Et lorsque Nous demandâmes aux Anges de se prosterner devant Adam, ils se prosternèrent à l'exception d'Iblis qui refusa, s'enfla d'orgueil et fut parmi les infidèles ». Sans nul doutes que ce récit à pour fondement cette courte sourate où est exposé l’origine de la rébellion de Satan. On y retrouve les cent quarante quatre mille prophètes du chapitre 17 (voir la note). Pris dans son entier, il ressemble fort, quand à son style très fantaisiste, aux genèses gnostiques tels que l’Hypostase des Archontes ou celles décrites par Irénée (cf. Coran 2, 34 ; Irénée de Lyon, Adv. haer. livres I et II).


Chapitre 36

Comme il le dit par Salomon (…). Citation libre de Proverbes 23 :26. Pour l’emploi de l’expression « serviteur » voir Proverbes 14 :35.

Comme il dit à Isaïe le Prophète (…). Voir la note du chapitre 32.


Chapitre 37

Que ton règne vienne en nous. (…) Car toi seul est notre Dieu à qui appartiennent gloire et honneur à jamais. La première partie ci-dessus semble être la reprise d’une autre parole de Jésus citée en Luc 17 :21 souvent trop mal traduite et donc trop mal perçut. A propos de ce texte, G. Buttrick dit : « Bien que souvent citée pour donner un exemple du ‘ mysticisme ’ ou de l’‘ intériorité ’ de Jésus, cette interprétation s’appuie principalement sur l’ancienne traduction, ‘ au dedans de vous ’ (...), où ‘ vous ’ est compris comme un singulier, selon le sens moderne impropre qu’on lui donne ; le ‘ vous ’ [humôn] est un pluriel (...). La théorie selon laquelle le royaume de Dieu est quelque chose d’intérieur, une disposition d’esprit ou une condition de salut personnel, va à l’encontre du contexte de ce verset, ainsi que de l’idée qu’en donne l’ensemble du Nouveau Testament » (The Interpreter’s Dictionary of the Bible 1962, vol. 2, p. 883). La conclusion de la prière est un ajout alors que l’auteur rejette les mots « aussi sur la terre » après « Que ta volonté soit toujours faite au ciel ». Luc choisit de ne pas du tout en faire mention (cf. Mt. 6 :9-13 ; Lc. 11 :2-4).


Chapitre 38

Je ne suis pas venu la détruire, mais au contraire l’observer. La formule bien connue de Jésus « Je suis venu, non pas pour détruire, mais pour accomplir » est complètement falsifiée. Le Messie-Prophète devient le guide pré-islamique d’un judaïsme plus pur, voir plus fondamentaliste (cf. Mt. 5 :17 ; Lc. 4 :21).

Une seule syllabe de la loi ne peut être abolie sans péché très grave. Suivant le principe de l’ « accomplissement », Jésus a rendu la loi bien plus vivante. Il a transformé un modèle en une réalité. Pour cela il fallait cesser de la pratiquer selon la lettre pour la pratiquer selon son cœur. Néanmoins, ce que Dieu avait prévu à travers la loi était parfait et seule sa personne pouvait décider de son sort futur. Ainsi, Paul démontra que, sur le plan spirituel, la foi en Christ ne l’avais jamais totalement abolie parce que, même sans la pratiquer selon le rite, le croyant la pratiquerait par sa justice. N’oublions toutefois pas qu’en leurs temps des dispositions parfaites de Dieu furent abolies, preuve que l’auteur musulman se fourvoie en pensent que Jésus ne put faire de même d’un point de vue littéral avec la loi (cf. Ro. 3 :31 ; 8 :4 ; 13 :10 ; 1Co. 15 :8).

Ce que Dieu dit par le Prophète Isaïe (…). Il s’agit d’Isaïe 1 :16 cité de façon libre.

Personne ne fera une prière agréable à Dieu s’il n’est pas lavé. La loi exigeait de nombreuses ablutions qui servaient de symboles de purification. A titre d’exemple, dans le temple de Jérusalem, il y avait une cour intérieure pour les prêtres qui abritait un autel pour les sacrifices et un grand bassin d’eau où ils faisaient leurs ablutions avant d’effectuer leur service sacré. Plus tard, les chefs religieux Juifs insisterons plus lourdement encore sur ces rituels, l’épisode du festin de noce à Cana en est un exemple. Toujours en accord avec l’ « accomplissement » de la loi, Paul démontra qu’ils « ne peuvent rendre parfait, quant à sa conscience » et qu’il s’agissait d’ « exigences légales qui concernaient la chair et qui furent imposées jusqu’au temps fixé, celui où les choses seraient remises en ordre ». En faisant dire ces mots à Jésus, le pseudo-Barnabas est en total contradiction avec ses propres paroles renfermées au chapitre 32 à propos des traditions relatives à la purification rituelle (cf. chap. 32, note ; Jn. 2 :6 ; Héb. 9 :9, 10).


Chapitre 39

Suite du chapitre 35 toujours avec le même style fantaisiste (voir la note).

Puis Dieu donna l’âme à l’homme. La Genèse ne dit en aucun cas que Dieu « donna une âme » à Adam, mais que celui-ci « devint une âme vivante ». La Bible assimile presque toujours le mot « âme » à une créature vivante, humaine ou animale et à la vie d’une personne. C’est bien là le sens qu’en donnent les mots hébreu nèphèsh, grec psukhê et latin anima. La croyance selon laquelle l’âme est une substance enfermée dans le corps dépendant principalement de la pensée grecque, provenant elle-même d’anciens courants d’Asie centrale. Paul fit une nette différence entre le corps « psychique », physique ou animal et le corps « pneumatique », spirituel (cf. Gn. 2 :7 ; 1Co. 15 :44, 45) — voir aussi comment Socrate sous la plume de Platon traitait de l’immortalité de l’âme dans le Phédon.

Il n’y a qu’un seul Dieu, et Muhammad est le Messager de Dieu. Il s’agit de la shahada, ou profession de foi (en Arabe : La ilah illa Allah; Muhammad rasul Allah). Ce détail de la tradition islamique autour d’Adam vient s’ajouter ici à un autre, celui de la construction de la Ka`ba, bâtiment cubique d'origine païenne à La Mecque.

C’est pour lui que j’ai tout créé, Il donnera lumière au monde quand il viendra. Voici donc selon quelle logique raisonne le pseudo-Barnabas. Le monde n’a pas été créé par Dieu par amour mais pour qu’un jour se lève son Messager. En fait, le personnage de Muhammad (créé soixante mille ans avant toutes choses !) est un pastiche du véritable premier né de Dieu Jésus-Christ et il est évident que, par tous les moyens, l’auteur cherche à effacer sa personne et son rôle d’égal d’Adam au profit de celle du prophète Arabe. Mais ne va-t-il pas trop loin au point de donner à Muhammad une sorte de position de fils de Dieu que rejette l’islam (cf. Gn. 3 :15)?

Je vous donne tous les fruits à manger, sauf les pommes et le blé. La croyance populaire selon laquelle le fruit défendu était une pomme est sans aucun fondement biblique. L’interdiction de consommer du blé est ici fort mystérieuse (cf. Gn. 2 :16, 17).


Chapitre 40

La porte du paradis que gardait un horrible serpent dont les jambes étaient comme celles d’un chameau. Le péché n’étant pas encore apparut, il n’était pas nécessaire de garder l’entrée du paradis. Ce rôle sera assuré plus tard par des chérubins. Le serpent possède des pattes a cause de l’idée selon laquelle sa forme originelle le permettait, ce avant que Dieu ne le maudisse en le condamnant à ramper sur le sol (cf. Gn. 3 :14, 24).

Satan se présenta à la femme comme un bel ange. Le serpent est donc troqué par un ange. Peut-être l’auteur s’est-il rappelé les paroles de Paul « …car Satan lui-même se transforme toujours en ange de lumière ». Il est à noter cependant que, bien qu’il n’y ait aucun doute sur la personne du trompeur, Moïse ne nomma pas expressément Satan comme étant derrière le serpent (cf. Gn. 3 :1 ; 2Co. 11 :13).

Il se mit la main dans la gorge, là où tout homme en a la marque. Il s’agit de l’organe appelé « pomme d’Adam ». C’est la deuxième fois qu’il est fait mention d’une partie du corps générée de façon accidentelle (voir le chap. 35 au sujet du nombril).


Chapitre 41

C’est que Satan m’a trompée. Dans la Genèse la femme fut trompée par le serpent et c’est d’après ce nom qu’elle qualifia celui qui la trompa. Rien n’indique dans le récit biblique qu’elle eut connaissance de la véritable identité du serpent (cf. Gn. 3 :13 ; 2Co. 11 :3).

La porte de Tramontane. C’est-à-dire « la porte du Nord ». Le mot Italien tramontana (stela) signifiant « (étoile) qui est au delà des monts » (et qui désignait l’étoile polaire) vient du Latin transmontanus. L’étymologie d’un tel mot témoigne bien que l’Evangile de Barnabas sous sa forme actuelle ne peut avoir d’origine ni sémitique ni grecque directe mais qu’elle fut remaniée sinon rédigée immédiatement en Italien.

Tu te tiendras sous l’empire de l’homme, il te prendra pour servante. La Genèse dit « vers ton mari sera ton désir, et lui te dominera » ce qui atténue quelque peut la position d’infériorité que l’on attribut à tort à la femme. Notons qu’il s’agissait d’une condamnation entourée d’un symbole censé rappeler la faute originelle aux générations suivantes. La citation brutale du pseudo-Barnabas peut servir à justifier la condition de défaveur dont souffre souvent la femme en orient (cf. Gn. 3 :16).

Coupe-lui les jambes. S’il veut marcher, il traînera son ventre par terre. Voir la première note du chapitre précédent.


Chapitre 42

Jésus confessa et dit la vérité : « Je ne suis pas le messie » (…). Ces paroles sont empruntées à Jean le Baptiste qui avouait ne pas être le messie mais celui qui devait préparer le peuple à le recevoir selon ce qu’avait prophétisé Isaïe (cf. Jn. 1 :19-27).

(…) du Messager de Dieu que vous appelez Messie. Il y a là une incohérence. Le Coran lui-même confesse à maintes reprises que « Jésus, fils de Marie » est le Messie (cf. Coran 4, 171).

Parce qu’ils sont avec nous plutôt que contre nous. Cela semble faire écho à la doctrine de l’intercession des Saints dont le fondement se trouve au sein même du judaïsme de la période Asmonéenne (cf. 2Mc. 15 :12-16).

Il s’en alla au mont Tabor que gravirent avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, ainsi que celui qui écrit ceci. Barnabas qui n’a jamais fait parti des douze ne pouvait naturellement pas s’y trouver. Quand au nom de la montagne, il est ignoré par les synoptiques. Les ruines retrouvées sur le mont Tabor semblent indiquer qu’il y eut une importante ville fortifiée à cet endroit. Cela annule la tradition selon laquelle la transfiguration s’y serait déroulée car les quatre se trouvaient « à part, seuls ». La haute montagne était vraisemblablement le mont Hermôn où Jésus se trouvait peu avant l’événement (cf. Mt. 17 :1-9 ; Mc. 9 :2-8 ; Lc. 9 :28-36 ; 2P. 1 :18).

Voici mon serviteur en qui je me suis complu, écoutez-le. Matthieu et Luc disent naturellement « mon Fils » à la place de « mon serviteur » (cf. Mt. 17 :5 ; Lc. 9 :35).


Chapitre 43

Vous vous trompez, car David en esprit l’appelle « Seigneur ». C’était en effet une parole que les religieux Juifs avaient beaucoup de mal à comprendre. Jésus leur a clairement fait remarquer que le « Seigneur » en question devait être bien plus qu’un descendant selon la chair à savoir le Messie fils de Dieu. La remarque de l’auteur n’a donc ici aucun fondement.

La promesse fut faite au sujet d’Ismaël, et non pas d’Isaac. L’auteur exclu l’hypothèse spirituelle citée ci-dessus et transfert la promesse sur Ismaël. On comprend donc vraiment mal pourquoi Dieu se révéla aux Juifs et non aux Arabes.


Chapitre 44

Ce n’est pas Moïse qui l’a écrit. Il est vrai qu’aujourd’hui, nombre de théologiens sont d’accord pour dire que la Bible ne fut pas une œuvre uniforme mais que la plupart des livres furent rédigés par plusieurs mains, notamment la Genèse qui aurait une source jéhoviste (J), une autre élohiste (E) et une troisième sacerdotale (P). Mais il ne s’agit généralement que d’hypothèse critiques qui n’ont pas pour but de réduire la valeur inspirée de la Bible. Le pseudo-Barnabas, en revanche, cherche à démontrer que l’Ecriture telle que nous la possédons est une œuvre divine occultée par les hommes et donc sans aucune fiabilité. Il s’agit par ailleurs d’un des principaux chevaux de bataille de l'islam. Vu le nombre de passages scripturaires cités, il faut donc que le « Jésus » du récit soit particulièrement inspiré afin d’être en mesure de discerner quels paroles sont de source divine et lesquels ne le sont pas.

Abraham, tout le monde saura comment Dieu t’aime (…). Citation invérifiable.

Comment Isaac est-il le premier né, puisque quand Isaac est né, Ismaël avait sept ans ? Le calcul est erroné car Ismaël avait en fait quatorze ans. Abraham avait quatre vingt-six ans quand naquit Ismaël et cent ans lors de la naissance d’Isaac. Celui-ci était légalement le « premier-né » selon la promesse de Dieu car venant de la matrice de la femme légitime d’Abraham. Ismaël, bien qu’étant le premier selon l’ordre chronologique, n’était en fait que son rejeton. En lui donnant un fils légitime, Dieu démontra de qui il désirait que la « postérité » d’Abraham descende (cf. Gn. 16 :16 ; 21 :5).


Chapitre 45

Le Prophète David dit en effet à ce propos (…). Citation libre du Psaumes 146 :3, 4.

Comme le dit Job (…). Il ne s’agit pas d’une citation mais plutôt d’une sorte de « résumé » de la pensée de Job à propos des actions de l’homme.


Chapitre 46

Une femme qui depuis sa naissance avait la tête courbée vers le sol. Luc 13 :11 dit qu’elle était courbée depuis dix-huit ans.


Chapitre 47

Bientôt, ils m'appelleront Dieu ! La formule sert de réfutation à la doctrine de la trinité mais le Nouveau Testament ne contient aucune références directes à une soi-disant égalité entre le Père et le Christ.


Chapitre 48

Or les Romains avaient coutume d'appeler Dieu et d'adorer celui qui faisait quelque chose de nouveau au profit de tout le peuple. Idée non scripturaire que l’on retrouve déjà chez Justin. Il y relate qu’a Rome, dans l’île du Tibre, s’élevait une statue en l’honneur du magicien Simon de Samarie où l’on pouvait lire les mots SIMONI DEO SANCTO, bien qu’on ait mis à jour en 1574 dans la même île une statue portant l’inscription SEMONI SANCO DEO dédiée au dieu sabin Sémo Sancus, d’où une confusion possible (cf. Justin, I Apol., 26, 2).

Il n'est pas Dieu, ni fils de Dieu, car Dieu n'a pas de corps pour engendrer. Formule calquée sur le Coran (cf. Coran 4, 171).


Chapitre 49

Quand je prendrai le temps, je jugerai la justice. Citation extrêmement libre de Psaume 75 :2 écrit par Asaph et non David.

Jugez justement, ô fils des hommes. Citation de Psaume 58 :1. L’original porte la forme interrogative.

Je suis témoin et juge, et mon honneur je ne le donnerai à personne. Peut-être un amalgame entre Isaïe 42 :8 et Malaki 3 :5 (cf. Is. 48 :11 ; cf. également ce passage et la suite parlant du jugement de Dieu avec Hébreux 10 :26-31).


Chapitre 50

Satan jugea que l’homme était plus vil que lui, aussi se rebella-t-il contre Dieu. Écho d’une sourate du Coran disant : « Et lorsque Nous demandâmes aux Anges de se prosterner devant Adam, ils se prosternèrent à l'exception d'Iblis (Satan) qui refusa, s'enfla d'orgueil et fut parmi les infidèles » (cf. Coran 2 :34).

Les deux vieillards jugèrent Suzanne. Le récit concernant Suzanne est tiré des versions grecques tardives du livre de Daniel et n’appartient pas au canon des livres juifs. Jésus n’utilisa aucun des livres apocryphes au cours de son ministère. Il est également à noter que les plus anciens manuscrits de la Septante ne contenaient pas les additions qui lui furent ensuite adjoint (cf. Dn. 13 :15-43 dans les versions catholiques).

Cyrus condamna Daniel à être mangé par les lions. Il ne s’agit pas ici de l’épisode du chapitre 6 du livre de Daniel mais d’une sorte de doublet rapportée par une addition apocryphe (voir la note précédente, cf. Dn. 14 :31-42 dans les versions catholiques).

Ils voulaient tout abandonner pour partir avec lui. Mais Jésus dit (…).

Car je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir. Le sens est corrompu (voir note du chap. 19).

Car il aimait beaucoup la solitude. Le récit biblique ne dépeint pas Jésus comme un individu asocial fuyant la compagnie de ses contemporains bien au contraire. Les seuls cas où il se retira pour être seul avaient pour raisons la méditation et, entretenant des relations intimes avec son père céleste, la prière, choses indispensables à la bonne réussite de sa mission terrestre (cf. Mt. 4 :1-11 ; 26 :36-39 ; Mc. 1 :12, 13 ; 14 :32-36 ; Lc. 4 :1-13 ; 22 :40-44).


Chapitre 51

J’ai eu compassion de Satan en sachant sa chute. Le Jésus strictement humain du récit n’a connaissance de sa chute qu’au moyen d’une révélation. Genèse 3 :15 montre qu’au commencement Jésus le savait et entrait dans la disposition prise par Dieu pour racheter l’humanité des circonstances de cette chute.

L’ange Michel doit te frapper cent mille fois au jour du jugement. Référence sans fondement biblique.


Chapitre 52

Les scélérats qui après mon départ du monde détruiront la vérité de mon Evangile. Ceux qui disent qu’il est fils de Dieu ou Dieu lui-même.

Avec moi viendront Hénoch et Elie. Peut-être un écho des textes de Matthieu 17:3, Luc 9:30, 31 et Marc 9:4. Hénoch fut un personnage de première importance dans la littérature mystique et apocryphe ce qui pourrait expliquer la disparition de Moïse.


Chapitre 53

Chaque jour pendant quinze jours, un signe horrible viendra sur les habitants de la terre. Le détail concernant la durée est sans aucun fondement scripturaire. Le récit qui suit de style apocalyptique tout comme celui qui le précède, semble être calqué à la première ligne sur Matthieu 24 : 29 et Révélation 6 :12.

Que soit maudit quiconque mettra dans mes paroles que je suis fils de Dieu. On évitera à partir de ce chapitre de revenir automatiquement sur le rejet de la filiation divine surgissant à mainte reprise puisqu’il est en fait le thème même de cet évangile.

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